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Les déserts du Nord-Ouest argentin

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Depuis quelques jours déjà, nous avions repéré un camping à Cafayate, dont l'attraction principale pour nous était sa piscine. Maintenant en zone semi-désertique, elle seule pourrait justifier d'un arrêt à Cafayate. Autre intérêt du lieu : la région vinicole produit de nombreux vins de qualité. La piscine de nos rêves étant malheureusement délaissée en raison d'un manque évident de visiteurs, nous obtenons une remise et nous installons. Il n'est que trois heures de l'après-midi, et deux options intéressantes s'offrent à nous : la visite des bodegas environnantes, ou bien parcourir une partie de la nationale 68, recommandée par tous. La route attire, et nous partons en direction de la Quebrada de las Conchas. DSC_8587.JPG

Un homme nous cueille à la sortie de la ville. Spontanément, Armando s'arrête en route pour nous faire apprécier le paysage et prendre quelques photos. Depuis les collines verdoyantes de Tafi del Valle quelques jours plus tôt, le changement est drastique. Tandis que l'air s'est brusquement asséché, et les cactus multipliés, la végétation a pratiquement disparu des collines, et c'est maintenant une roche multicolore que nous pouvons admirer. Ses formes, façonnées par le vent et la pluie, sont incroyables. Nous ne nous attendions pas à un tel spectacle. La beauté du paysage est au delà de nos attentes. Nous ne regrettons pas d'avoir fait un détour d'une centaine de kilomètres pour venir admirer le surprenant panorama.

DSC_8657.JPGLa terre rouge contraste fortement avec le ciel bleu, et la roche joue aux devinettes ayant modelé des formes familières. On discerne des fenêtres, des tours, des châteaux, et même la silhouette d'un moine. Près des «trois croix», la vue de la quebrada est magique. Le long de l'énorme faille dans la montagne, les collines rocheuses multicolores s'écroulent dramatiquement dans la vallée tandis qu'une petite rivière presque asséchée s'écoule tranquillement. Armando nous dépose à l' «anfiteatro», une formation rocheuse gigantesque. A quelques pas de là nous pénétrons dans la « garganta del diablo », et devrons escalader quelques portions pentues de roche pour atteindre le fond de la gorge. Nous restons surprises devant tant de beauté et classons sans conteste la RN 68 parmi les plus belles routes jamais empruntées.

Le lendemain, nous partons en direction de Cachi, petit village perdu au milieu des Valles Calchaquies. C'est probablement le dernier tronçon de la mythique route 40 que nous allons emprunter. A l'arrière d'un pickup sous le soleil nous avançons jusqu'à San Carlos, à seulement vingt kilomètres. Après plus d'une heure d'attente, seule une poignée de véhicules est passée et, si personne ne s'arrête dans les prochaines heures, nous pensons à l'alternative de rebrousser chemin et emprunter la route principale pour Salta.DSC_8729.JPG

Mais bientôt une petite trois portes s'arrête avec à son bord deux hommes. Diego et Esteban vont eux aussi à Cachi et acceptent de nous emmener malgré leur appréhension quant à la capacité de leur voiture à contenir nos volumineux sacs.

Partis de Cordoba pour seulement quatre jours, ils voulaient découvrir une partie du nord ouest argentin. La végétation disparaît peu à peu et les montagnes changent de teinte. La route poussiéreuse se fraye un chemin entre les collines blanches et les pics semblent concourir pour être les plus impressionnants.

Peu fréquentée, elle ne compte que quelques villages isolés aux constructions en terre. Seules les églises paraissent concentrer toute l'attentions des habitants. Blanches, impeccables, elles contrastent grandement avec le reste des villages. Plus loin, la végétation reprend le dessus. Les couleurs s'animent et des champs verdoyants égayent la vallée. Quelques vignobles rappellent la relative proximité de Cafayate.

La route est longue, difficile et nous n'en voyons pas la fin. Nous crevons un pneu à peine vingt kilomètres avant d'arriver. La nuit va bientôt tomber et nos deux amis décident de rester ici. Avec moins de cent pesos (vingt euros) pour terminer la semaine avant de passer au Chili, nous pensons dormir au camping. Mais Diego et Esteban en décident autrement. Ils nous invitent diner dans un restaurant local et nous offrent le confort d'une chambre d'hôte. Nous ne pouvons évidemment pas refuser.

DSC_8757.JPGNous reprenons la route au matin et nous approchons du Cerro Nevado aux cimes encore enneigées. L'endroit est couvert de fleurs jaunes, blanches et violettes et quelques paysans s'activent à sécher des piments au soleil. Puis, en direction de Salta, nous passons dans le Parc National Los Cardones, mais malheureusement la vue sera masquée lorsque nous passons littéralement dans les nuages. La route zigzague dans l'épais brouillard blanc et nous ne voyons rien.

Nous arrivons à Salta en fin d'après-midi. Depuis quatre jours maintenant nous parcourons les vallées du nord ouest argentin, et nous n'avons aucune envie d'explorer les grandes villes. Nous traversons la ville sans nous y arrêter. Diego et Esteban nous déposent à une station service sur la route qui mène à Jujuy. Il fait déjà nuit et l'endroit n'est fréquenté que par des camions. Nous attendons près d'une heure avant de trouver une voiture.

Heber est un homme ouvert, souriant, bavard, et nous fait rire en nous contant des anecdotes de son travail de conducteur de bus longue distance. Il n'hésitera pas à faire 60 kilomètres de détour pour nous déposer au camping bon marché que nous avions repéré à la sortie de la ville de Jujuy. Il insistera pour nous inviter à diner. Nous parlons de notre voyage, de sa famille. Il est temps pour lui de partir et nous le saluons avant de monter notre tente. DSC_8776.JPG

Le camping idéalement situé pour nous se trouve en bordure de la route que nous voulons suivre. Nous ne savons pas trop où aller si ce n'est vers le nord, et que nous voudrions bientôt passer au Chili. Nous pensons décider notre itinéraire en fonction de celui des personnes que nous rencontrerons.

Très rapidement, un véhicule s'arrête. Deux amis, Hernan et German sont venus de la province de Buenos Aires pour passer une semaine de vacances sur les routes du nord de leur pays. Ils sont là comme nous pour découvrir la région.

Nous faisons un premier arrêt à Punamarca. Le petit village est bâtit au pied du Cerro de los Siete Colores, une magnifique colline dont la roche est réellement multicolore. Sur la place principale les habitants vendent des tissus et objets artisanaux. Nos deux compagnons de route nous invitent à déjeuner.

Nous faisons ensuite arrêt à Mainara puis à Tilcara où nous trouvons une auberge bon marché. En discutant nous nous rendons compte que nos chemins se sont déjà croisés mainte fois. Que de coïncidences. Ils étaient à Tafi del Valle le soir de l'anniversaire du bar de Daniel. Ils parlaient au guide des ruines de Quilmes alors que nous attendions qu'ils terminent pour à notre tour poser des questions. Ils se souviennent nous avoir vu marcher dans les rues de Cachi. Ils s'étaient arrêtés pour aider un automobiliste en panne dans la montagne quand nous leur avions demandé s'ils avaient besoin de quelque chose. Et voilà que nous nous sommes postées sur la route à peine dix minutes avant qu'ils ne passent et que finalement, nous nous rencontrions. Ils avaient amusément surnommé leur 4X4, 'la 16' en raison d'une évidence mathématique.

DSC_8798.JPGNous n'avons plus d'argent, et leur proposons de cuisiner les pâtes et les oignons qu'il nous reste mais ils ne semblent pas enthousiasmés par l'idée. Ils préfèrent nous inviter à diner. Marion goûtera à un délicieux ragout de lama, viande abondante dans la région, alors qu'Amélie dégustera une humita, pâte de maïs et de fromage servie dans la feuille de la plante. Un joueur de charango, petite guitare typique, animera la soirée dans le restaurant.

Nous irons plus au nord avec eux le lendemain jusqu'au village de Humahuaca, longeant la vallée du même nom, et franchissant la ligne imaginaire du tropique du Capricorne. Tous ces petits villages ont en commun des maisons aux murs couleur de la terre et des collines multicolores aux alentours. Nous nous séparons d'Hernan et German qui poursuivent leur route vers le nord alors que nous redescendons quelques kilomètres avant de bifurquer vers l'ouest, direction Chili.

Nous monterons à bord du véhicule d'Ignacio et Inès en voyage de noces. En nous redirigeant vers le sud nous passons de nouveau le tropique du Capricorne. Ils nous offriront l'objet le plus typique du pays : une gourde à maté en calebasse avec une paille. Ils prévoyaient d'aller jusqu'à Tilcara mais prolongent leur itinéraire pour nous déposer à Punamarca sur la route qui va au Chili.

L'attente n'est pas désagréable car la vue est magnifique. En face, le Cerro de los Siete Colores rendra le moment plus court. Un camion s'arrête. Ruben jette nos deux sacs à l'arrière de la remorque. Manolo est au volant. Ils sont en route pour récupérer une cargaison de minerais dans une mine perchée au milieu des montagnes marquant la frontière entre l'Argentine et le Chili. Nous envisagions de quitter l'Argentine aujourd'hui mais réalisons rapidement que cela ne sera pas possible. Seulement 260 kilomètres nous séparent du Chili, mais le camion grimpe difficilement les pentes de la Cordillère.DSC_8811.JPG

La route redescend et l'on peut déjà apercevoir au loin une grande étendue blanche. Comme la coupant en deux, l'asphalte traverse les sublimes Salinas Grandes, immense étendue de sel. Nous marquons un bref arrêt photo avant de reprendre la route. L'endroit est incroyable. Nous savons que le Salar d'Uyuni en Bolivie est bien plus impressionnant, mais ne l'ayant pas encore vu, nous restons bouche bée devant le spectacle de ce désert salé.

Il commence à faire très froid, et là-haut les nuages persistent à bloquer la chaleur du soleil. Il se met même à pleuvoir. D'abord quelques gouttes, puis un véritable orage, et nous pensons à nos sacs bien vulnérables sous ces trombes d'eau.

Les hommes nous proposent deux options pour la nuit. Monter jusqu'à la mine et dormir avec eux dans leurs camions ou bien passer la nuit à Susques, un petit village très tranquille déserté de touristes mais étape incontournable de nombreux camionneurs. Bien que connaître une mine nous attire, nous ne pourrions de toutes façons pas y pénétrer car cela est interdit. D'autre part, il ne nous reste maintenant que huit pesos (moins de deux euros), et ne pouvons pas payer d'hébergement. Les deux hommes se proposent alors de nous inviter ; d'abord à dîner, DSC_8853.JPGpuis ils nous installent dans une chambre et payent d'avance la propriétaire. Nous leurs en sommes reconnaissantes et sommes soulagées d'avoir encore ce soir un toit au dessus de nos têtes, car la perspective de déplier la tente sous la pluie et par ce froid ne nous enchantait pas.

Pendant que Manolo et Ruben, désormais chacun dans leur camion respectif, montent à la mine et redescendent nous chercher, nous profitons du temps libre qui nous est imparti pour avancer sur notre blog. De toutes façons, il n'y a rien d'autre à faire dans ce village.

Nous ne pensions pas devoir attendre si longtemps. Nos chauffeurs ont été retenus par l'attente de papiers et n'arriveront que proche de l'heure du diner. Ils nous invitent une nouvelle fois à manger. Le papier tue-mouche pend du plafond et le sourire de la serveuse manquera tout autant que sa rapidité. Il est dix heures, ils ferment à onze. Elle n'est pas certaine qu'en ce laps de temps elle puisse préparer une omelette aux pommes de terre.DSC_8873.JPG

Nous reprenons la route, mais n'arriverons à Jama, le poste frontière, que vers une heure du matin. A cette heure-ci nous devons attendre le retour du soleil pour effectuer les formalités. Il fait un froid glacial. Nous avons du mal à respirer et nous apprendrons le pourquoi le lendemain : nous sommes à 4300 mètres d'altitude.

Manolo, Ruben, et leurs six autres collègues en ayant enfin terminé avec la pesanteur administrative, nous entrons au Chili. Le paysage est splendide. Nous nous approchons des sommets enneigés jusqu'à 4750 mètres d'altitude. Un pas trop pressé, une action un peu hâtive et nous sentons que le souffle nous manque.

Nous ne collecterons notre cachet d'entrée au Chili qu'à 160 kilomètres de la frontière, à San Pedro de Atacama, notre étape aujourd'hui. Nous déjeunons avec Manolo, Ruben ayant déjà repris la route en direction d'Arica, et cette fois avons le plaisir de pouvoir l'inviter.

Le désert d'Atacama est fameux pour être le plus aride du monde. Etrangement, d'éparses gouttes de pluie nous donneront la bienvenue dans la région.

 

 


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